Résumé
Le premier souvenir que j’ai de ma mère c’est quand j’avais quatre ou cinq ans. Elle nous appelle, mes deux frères et moi, pour le dîner en disant : "Les garçons et Guillaume, à table !" et la dernière fois que je lui ai parlé au téléphone, elle raccroche en me disant: "Je t’embrasse ma chérie"; eh bien disons qu’entre ces deux phrases, il y a quelques malentendus.
Tu seras un homme, ma fille.
Un film douloureux dans lequel Guillaume exhorte les démons d’une vie à travers le personnage de sa mère adorée.
Il joue sur un aspect de sa personnalité qui le range rapidement dans une catégorie aux yeux du plus grand nombre et défend un garçon en mal de repère. Il est agaçant, énervant mais toujours lui et jamais déplacée. Un visage à part, quelque soit les traits qu’il revêt, avec une précision chirurgicale à des réactions de situations. Un très bon acteur, pour un rôle d’exception qu’il aura mis en œuvre du scénario et à la réalisation en passant par les textes pour raconter sa vie, avec beaucoup de tact et de pudeur.
Les tournages sur scène semblent irréels et renforcent l’effet introspectif d’un personnage habité par la volonté de plaire à la seule femme à travers laquelle il voit et vit. Les deux personnages complémentaires que sont la mère et le fils se mêlent parfaitement et les interventions de ce modèle, pourtant rare, sont parfaitement orchestrées. Incroyable de tenir une si longue distance tout seul, car en fait, il n’y a pour ainsi dire qu’une seule voie du début à la fin, et je ne me suis pas lassé de l’entendre se raconter. Une véritable psychanalyse sur écran géant, avec un homme au cœur gros comme ça. On est loin du film comique, ce n’est absolument pas le propos de toutes façons et il s’agit bien d’une comédie, fine et amusée d’un sujet personnel, un peu trop parfois, s’emparant de nombreuses idées préconçues pour mieux pouvoir les démonter et plonger dans un certain inconfort qui ferait presque prendre de la distance. Il se joue des opinions et des attitudes et fait en cela sa comédie sans jamais tomber dans le drame.
Une histoire vraie adaptée au théâtre, pour pardonner et magnifier une personne qu’il adore et qu’il va même se permettre d’interpréter grâce au cinéma. Du one man show, il pourra ainsi donner vie à l’autre et montrer à quel point la vengeance ou revanche ne fait pas partie du vocabulaire de cette incroyable histoire. Il fallait oser mettre en lumière un tel sujet, sans l’écorcher.
Même si j’ai énormément apprécié la dernière partie, qu’au passage j’ai revu trois fois, le développement du personnage est long et pourtant le film est court. Mais pour que la fin soit aussi fabuleuse, il me semble qu’il fallait surement cela et sans cette attente interminable d’une chute qui peine à venir, la clôture n’aurait pas été aussi belle.
