La résistance de l’air

Le doigt sur la détente.

Encore une fois, Kateb change de casquette pour un rôle de composition. Il quitte un moment son jeu coupable pour endosser celui d’un homme à qui rien n’échappe, pas même sa cible. Pourtant, au milieu d’une lascive existence dénuée d’intérêt et encombrée par les galères qui s’accumulent, le personnage principal va couvrir l’espoir d’un nouvel envol grâce à un choix extrême. Mais tout a un prix et Grivois réalise l’univers glauque et dangereux qui peut soudainement surgir, celui de la facilité et des mauvais choix sans avoir besoin de recourir à des effets considérables. Il fait confiance au couple Kateb / Sagnier qui réussissent à nous toucher avec une relation chaotique et laborieuse, mais toujours l’envie d’avancer. Et en cela, le scénario se veut plus ou moins optimiste, même lorsque débarque un père odieux sous les traits de Karyo. Mais le film ne semble démarrer qu’en seconde partie où les choses vont s’accentuer après une très longue présentation.

Une première réalisation noire et profonde pour le réalisateur Fred Grivois, fidèle élève d’Audiard. Des prises de vue sur pause à l’image de l’instant de la visée, pour plus de précision ou d’attention. Un film qui se démarque par l’adaptation d’un sujet classique et une approche particulièrement impudique dans la présentation de son personnage principal et de ses aléas hasardeux en quête de réussite. Pas de course poursuite ou action vertigineuse. Un polar dans lequel on ne reste pas face à un simple tueur en recherche de rédemption pour la sauvegarde de son foyer. Un film qui doit beaucoup à son acteur principal et son atmosphère tendue en permanence alors que rien n’y parait.