Résumé
Un jeune homme d'origine modeste est accusé du meurtre de son père et risque la peine de mort. Le jury composé de douze hommes se retire pour délibérer et procède immédiatement à un vote : onze votent coupable, or la décision doit être prise à l'unanimité. Le juré qui a voté non-coupable, sommé de se justifier, explique qu'il a un doute et que la vie d'un homme mérite quelques heures de discussion. Il s'emploie alors à les convaincre un par un.
« Coupable ou non coupable ? »
Une œuvre majeure pour Sidney Lumet, grace à laquelle il va entamer une carrière avec talent.
Serpico, The hill et bien d’autres viendront enrichir l’œuvre énorme de ce grand réalisateur.
A travers la joute oratoire de douze inconnus, une représentation choisie d’une mixité sociale parfaite.
Tous ne portant qu’un numéro, tel des condamnés, pour la culpabilité ou la relax d’un prévenu. Seule la fin nous révèlera le nom de deux d’entre eux, même le coupable n’en porte pas, comme pour finalement mieux généraliser ce sentiment d’impartialité générale si dur à acquérir.
La quête du travail psycholgique restera un thème central dans nombre d’œuvres du réalisateur.
Qu’est ce que la culpabilité d’un accusé face à ses accusateurs ou ses bourreaux.
Même lorsqu’il s’agit d’un enqueteur particulier comme Serpico, tout prend une dimension différente, le style est le même, seule la manière de filmer change et évolue comme on peut le voir dans « Jugez moi coupable » par exemple, un des meilleurs films dans lequel Vini est pu jouer d’ailleurs selon moi.
Des démonstrations de violentes velléités des accusateurs, suite au vote à bulletin secret et désignant un désigné supposé alors qu’il n’en est rien, reflète toute l’absurde persévérance de ne pas voir ce qui est évident au nom de la rancune personnelle ou autre mauvaise raison. La mauvaise foi qui essaye de se faire entendre à grands cris et qui ne cache qu’une vengeance aveugle face à une profonde frustration. Avoir le courage de ses opinions, face aux préjugés aisés, sublimé par une amplification des volumes et dimensions des visages à l’écran, jusqu’à faire des gros plans à la limite de l’étouffement lors des arrêts sur image pour que l’évidence ne puisse plus être niée. Chaque personnage en fait est une caricature de caractère aussi opposé que complémentaire.
Dans ce huis clos, la sobriété, l’absence de musique ou de distraction, renforce la capture et l’obligation de la tâche à accomplir ; la vie d’un homme en dépend.
Comme pour plus d’intensité, la porte est fermée…à clefs, autre trait intéressant et loin d’être anodin, il n’y a pas de femme, pas d’éventuelle lutte de coq donc, tout à travers ce film semble mettre un point d’honneur à ce que l’on ne s’écarte sous aucun prétexte de la raison pour laquelle nous sommes présent, une vie se joue, et nous sommes pris a parti.
Tout au long de ce film à présent, nous vivons et ressentons, avec nos impressions, une décision qui nous appartiendra au final, telle est la manière dont j’ai vécu ce film.
Une nouvelle magnifique performance du grand Henry Fonda qui comme d’habitude interprète parfaitement son rôle. D’ailleurs a-t-il déjà été mauvais…et qui mieux que lui pour prendre la défense d’un potentiel « faux coupable » (incroyable rôle au passage), Fonzie n’aurait pas fait mieux.
La finalité théâtrale donne une dimension encore plus énorme au film, le dos à dos est terrible et image un fossé qui ne fera que précipiter les maillons faibles aux fonds de leurs remords.
Un film à voir si ce n’est déjà fait car sans artifices aucun, il livre un jeu d’acteurs pur et dur à l’image de numéro 3.
Tout y est bon et après un orage et une pluie régénératrice et purifiante, on en sort libéré…
